l’Envers du Décor #1 : Donkey Kong Arcade
Aujourd’hui, on a tendance à penser que Nintendo a toujours eu Mario dans le rôle de l’ambassadeur fétiche de la firme, et que ce dernier a été créé dans cette optique là ! Mais ce que le commun des mortels ne sait pas, c’est que le plombier moustachu a fait sa première apparition dans Donkey Kong en tant que personnage secondaire.
Après un succès mitigé avec le jeu d’arcade « Sherrif » et un cuisant échec commercial aux USA avec Radar Scope, un clone de Space Invaders, Nintendo s’est ainsi retrouvé avec des bornes invendus. Et par conséquent, Nintendo of America est dans le besoin d’un jeu phare afin d’éviter la faillite. C’est dans ce contexte que l’on demandera à Shigeru Miyamoto, alors jeune employé de la firme, de superviser le développement d’un jeu à l’aide de sa créativité fraîchement reconnue par ses supérieurs. Le développement doit alors prendre en compte les possibilités techniques des bornes de Radar Scope afin de pouvoir vendre la prochaine création en recyclant ces dernières.
Le développement commence et notre ami s’interroge sur la trame scénaristique à donner au jeu. C’est en s’inspirant de culture populaire qu’il eut l’idée du triangle amoureux : un héros et un méchant qui aiment la même femme. La question qui se pose après, quels personnages utiliser ? Miyamoto choisit la licence de Popeye dont Nintendo possède les droits pour produire un jeu de carte. Cependant, les ayants-droits de ce dernier ont rappelé à la firme qu’il était hors de question de produire un jeu vidéo avec leur personnage.
Se retrouvant sans univers existant sous la main, Monsieur Miyamoto a pour la première fois carte blanche pour proposer un univers issu de son imagination. C’est ainsi qu’il proposa une jeune femme du nom de Pauline kidnappé au sommet d’un échafaudage New-yorkais par un grand gorille répondant au nom de Donkey Kong.
Et le héros appartient au monde du bâtiment, il s’agit d’un charpentier nommé JumpMan parce qu’il … … saute ! Il y en a 11 qui suivent, je vais prendre des noms de toutes façons, ça va chier là-dedans ! (Réf. Coluche)
Il existe par ailleurs plusieurs similitudes entre King Kong et Donkey Kong, ce qui a coûté un procès à Nintendo. Procès initié par Universal pour plagiat, mais c’est sans compter sur l’avocat de la firme américaine qui a démontré que King Kong était tombé dans le domaine public !
À partir des croquis de Monsieur Miyamoto, les développeurs sont chargés de retranscrire au mieux l’imaginaire de ce dernier. Le plus difficile, pour le jeune créateur, a été peut être de créer un personnage collant aux limitations de la borne d’arcade. En effet, le design du personnage moustachu que l’on connaît aujourd’hui, a été influencé uniquement par des contraintes. Par exemple, Shigeru Miyamoto ne savait pas dessiné des cheveux, donc on lui met une casquette ! Une bouche est bien trop fine pour pouvoir la représenter dans le jeu, tada on lui colle une moustache bleu pour éviter de le confondre avec le fond noir ! Ensuite une salopette rouge et un t-shirt bleu, à l’époque, ont été choisis afin de distinguer les bras du reste du corps !
Cependant le créateur a été déçu sur un point technique de la borne. En faite, il souhaitait avoir un scrolling vertical entre chaque niveaux, afin de donner une continuité au jeu et une impression de hauteur. Mais ceci n’a été possible qu’à partir de la Famicom, qui arrivera quelques années plus tard.
Et le grand jour est arrivé en Juillet 1981 ! Alors que les responsables des ventes de Nintendo Of America ne croyaient en son succès, Donkey Kong atteigna plus rapidement que prévu les 2000 bornes vendus et la demande se fit sentir !
Dans le même temps, la presse de l’époque s’empara du jeu pour son côté complètement décalé par rapport aux titres populaires de l’époque, majoritairement des shoots à la Space Invaders ! Contrairement aux idées reçus et ce qui est régulièrement dit, Donkey Kong n’est pas encore qualifié de jeu de plate-forme. D’ailleurs, ce terme n’existait absolument pas à l’époque. On parle de jeu d’escalade dans notre cas, ou encore de jeu de promenade pour Les Schroumptfs sur Atari 2600, sortie en 1982. Si si, je vous l’assure ! Tout cela pour dire, que le premier soft du singe de Nintendo vera « son genre » nommé « plate-forme » bien des années après !
Son succès fût si important, que les éditeurs de consoles de salon se battront pour avoir leur version de Donkey Kong ! Et ce sera Coleco Vision qui raflera le soft, et il faut croire qu’il aime remuer le couteau dans la plaie ! Puisque que le constructeur produira des déclinaisons au rabais sur les machines concurrentes, la pire version sera celle pour l’Atari 2600, le grand rivale de la Coleco. V’là une idée, pour ridiculiser la concurrence, qu’elle est bonne !
Soyons un peu plus sérieux, j’évoquais tout à l’heure l‘impossibilité pour Shigeru Miyamoto d’intégrer Popeye dans son jeu suite à un refus des ayants-droits. Drôle de coïncidence, puisqu’après le succès de Donkey Kong, ces derniers sont revenus vers Nintendo en leur prétextant que ce n’était qu’une blague et qu’ils sont intéressés par une adaptation de Popeye en jeu vidéo !
Et c’est ainsi que se termine ce premier numéro de l’Envers du Décor, nous espérons que cet article vous aura intéressé. Si vous souhaitez en apprendre d’avantage, nous vous conseillons le livre « L’histoire de Mario – 1981 à 1991 : L’ascension d’une icône : entre mythes et réalité ».
À Bientôt !
Laisser un commentaire